"News, informations Africaines, revues de presse et actualités internationales."


Dernières News
Actualités Afrique » Afrique du Nord » Égypte » Egypte – La confrérie à la croisée des chemins : Note stratégique (CMAIS) Partie 3

Egypte – La confrérie à la croisée des chemins : Note stratégique (CMAIS) Partie 3

Temps estimé pour la lecture de cet article : 26 min

Afrique News

L’armée s’abrite des Frères derrière Al Azhar, Al Nour et l’Eglise

D’autre part, dans un second discours, Morsi a déclaré son attachement au poste de président tout en appelant les égyptiens à éviter la violence. Le chef des armées, quant à lui, a convoqué une réunion avec tous les partis politiques et mouvements de jeunes (6avril et Tamarod) sauf le parti de la Liberté et de la Justice qui a refusé l’invitation. Etaient également présent le Sheikh d’Al Azhar (la plus haute autorité religieuse du pays), le chef du parti Al Nour, et le pape Tawadros II. Considérant la symbolique de ces acteurs religieux dans la société égyptienne, il était clair que l’armée recherchait une solution pour sortir de la crise dont le bouc émissaire serait le président démocratiquement élu : Mohamed Morsi.

L’armée tente de pénétrer le mouvement des Frères Musulmans et affaiblir leur solidarité et leurs liens religieux à travers Al-Azhar et le parti Al Nour. L’objec#f de cette manœuvre était clair pour le commandement de l’armée : la religion n’a rien à voir avec le différent qui oppose l’armée aux Frères Musulmans. Dans ce sens, l’armée a fait paraitre un communiqué à l’aube du jeudi 4 juillet 2013 mettant en garde contre toute attaque ou mépris quant aux partisans du mouvement des Frères Musulmans. Ceci est une étape franche de la part de l’armée pour calmer les ardeurs et laisser la porte ouverte à une réconciliation nationale à laquelle s’attachent tous les partis politiques sauf quelques électrons libres sans représentation dans le champs politique ou associatif.

Dans ce contexte, l’armée a fait fermer cinq chaines de télévision affiliées aux Frères Musulmans dans un premier temps. Ensuite, en quelques heures, 16 autres chaines de télévision ont été fermées, en plus de l’arrestation de plusieurs journalistes. Par ailleurs, les forces du Ministère de l’Intérieur ont pénétrer le bureau d’Al-Jazeera et placé le personnel sous étroite surveillance, malgré la neutralité invoquée par la chaine dans la diffusion des événements et le contenu de ses commentaires. Elle avance comme preuve, la présence d’invités opposés aux Frères Musulmans, au moment même de l’irruption des forces de sécurité égyptienne.

Les arrestations ne se sont pas limitées à cela. Plus de 300 leaders des Frères Musulmans étaient aussi concernés dont l’adjoint du président du Parti de la Liberté et de la Justice. Pendant ce temps-là, les auteurs du coup d’Etat poursuivaient le Chef du Gouvernement Hicham Qandil en jus#ce pour incitation à la violence, outrage au pouvoir judiciaire et d’autres charges remontant à l’époque de Moubarak.

La Course aux Médiations

Au milieu de ces développements, l’a>en#on s’est tournée vers la réaction de la communauté internationale. Il semble que chacune des parties en conflit cherche un soutien extérieur renforçant sa position. Les évènements se sont déroulés comme suit: Le 28 juillet 2013, la visite de la coordinatrice de la politique extérieure de l’Union Européenne a coïncidé avec celle d’une délégation africaine au Caire qui en était à sa deuxième visite en moins de deux semaines. La mission était claire, les Etats de l’Union Africaines avaient suspendu l’Egypte en représailles un jour après la chute de Morsi, considérant la manœuvre militaire comme un coup d’Etat contre un Président élu.

L’Egypte y a vu une incompréhension. Elle a rapidement envoyé une délégation au nom du président intérimaire Adly Mansour (ancien président de la Cour Constitutionnelle) pour expliquer aux africains la position du nouveau gouvernement vis à vis de la situation. Le nouveau gouvernement égyptien exclu totalement la thèse du coup d’Etat : il s’agit d’une intervention de l’institution militaire fondée sur une demande populaire dans le but de sauver la démocratie de toutes déviations par Frères Musulmans au nom de la légitimité constitutionnelle, mais également d’éviter une guerre civile, et que c’est la manifestation du 30 juin 2013 demandant la chute du président Mohammed Morsi qui avait conduit aux évènements du 3 juillet 2013.

Cependant, les Africains ne semblent pas vouloir se laisser convaincre par les dires des nouveaux dirigeants égyptiens, d’autant que les réactions internationales outre celles de l’Union Africaine (UA) étaient du côté du président-élu Morsi à des degrés divers, la moins évidente étant la position américaine A cet effet, les Africains se sont retrouvés entre deux choix assez contraignants. A partir de là, il semble que la position de l’UA a imprimé une sorte de retraite au profit de la médiation, lors du voyage au Caire d’une délégation de l’Union Africaine composée de 9 membres, dirigée par l’ex président malien Omar Alpha, qui a pu visiter, dans sa résidence surveillée, le Président déchu Mohamed Morsi, un jour après la visite de l’envoyé spécial de l’Union Européenne Catherine Ashton à Morsi dans la soirée du lundi 29 au mardi 30 Juillet 2013.

Il est à noter que le 30 juillet 2013, Paris a demandé la libération du président déchu. Ce qui paraîtra comme une tentative de récupération du travail d’Ashton et non plus un soutien aux efforts de la coordinatrice de la poli#que extérieure de l’Union Européenne.

A la marge des péripéties en Egypte, il y avait au sein de l’Union Européenne une volonté d’affaiblir les Etats-Unis notamment de la part de la France par sa forte présence sur la scène africaine et considérant l’affaiblissement des américains en Egypte depuis la révolution du 20 janvier 2011 à cause du manque de visibilité sur qui prévaudra. Nous avons donc assisté à des réactions négatives envers les Etats-Unis par les porte-parole des deux formations ennemies en Egypte : les Frères musulmans d’un côté et les partisans de la laïcité et de l’establishment militaire de l’autre.

Dans ce contexte, alors, il semble que le rôle de l’Europe, en mêlant l’accent sur la médiation impressionnante voire plus intelligente, ainsi que le rôle de l’Afrique à travers l’Union Africaine pourrait jouer un rôle dans l’apaisement des tensions en Egypte. Comme la confidentialité sur ce qui s’est passé lors de la réunion d’Ashton avec Morsi, la
délégation africaine, à son tour, n’a rien révélé sur ce qui s’est passé, ni sur les conclusions de la rencontre avec le président déchu. Contrairement à Catherine Ashton qui a pris la parole lors d’une conférence de presse conjointe avec le Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement provisoire égyptien, les membres de la délégation africaine sont restés immobiles aux côtés de ce dernier alors qu’il abordait avec la presse les relations amicales de l’Egypte avec ses « frères » africains.

Il faut rappeler que la visite du président déchu, soit par Ashton soit par la délégation africaine n’a été autorisée qu’après le refus des leaders des Frères Musulmans Issam Al Aryane et Khayrat Chater de les recevoir en les conseillant d’aller voir le président légitime. Que ce soit durant la visite de Madame Ashton ou celle de la délégation africaine, la position des autorités égyptiennes de transi#on était marquée d’embarras et de confusion pour de nombreuses raisons. L’on ressent notamment que les deux visites coïncidaient avec l’ordre du Ministre de l’Intérieur égyptien de disperser les sit-in de place Nahda et de Rabia Al Adawiya qui a fait 75 victimes ainsi que des centaines de blessés graves selon le porte-parole des Frères Musulmans, avant que ce bilan ne s’alourdisse atteignant des milliers de victimes. De même, le Directeur de l’hôpital de campagne a déclaré sur Al-Jazeera que les forces de l’ordre avaient tiré à balles réelles sur les membres supérieurs des victimes.
PS : article : Compagnie Méditerranéenne d’Analyse et d’Intelligence Stratégique.

Information sur les articles

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Grigrinews.com . Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de Grigrinews.com.


News QR-Code

qr-code

Rédacteur Pascal Gibert

Rédacteur en chef du magazine en ligne Panafricain GriGriNews.com : rédacteur journaliste depuis plusieurs années, à commencé dans les domaines de la communication, puis par la suite dans les relations presse, rédacteur indépendant et partisan! Hyperactif dans les domaines du web, de l'information, veille internet concernant tous les pays d'Afrique. Ardent défenseur de la souveraineté des pays d'Afrique, passionné de géopolitique Africaine, dévore les news d'Afrique pour informer le grand public de la désinformation généralisée dans les médias au sujet de l'Afrique... Vive l'Afrique!!!
Revenir en haut de la page