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Guinée-Bissau : Les militaires piétinent les droits humains, La CEDEAO doit réagir

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« Paris, France, 22 novembre 2012. Depuis l’attaque avortée menée par des militaires contre la caserne d’une unité d’élite le 21 octobre 2012, des éléments de l’armée sont responsables de mauvais traitements infligés à des dirigeants de partis politiques et de graves menaces contre des journalistes et représentants de la société civile. Des informations font également état d’exécutions sommaires. »

Si les motifs de l’attaque du 21 octobre sont encore aujourd’hui incertains, les autorités de transition issues du coup du 12 avril 2012, avaient immédiatement qualifié celle-ci de tentative de coup d’État orchestrée par l’ancien premier ministre, Carlos Gomes Junior, en exil. Le 22 octobre, deux dirigeants politiques connus pour leurs critiques envers la gouvernance, MM. Yancuba Djola Indjai, président du Parti de la solidarité et du travail qui est aussi le leader du Front national anti-coup d’État et Silvestre Alves, président du Parti mouvement démocratique, ont été enlevés et brutalement battus par un groupe de militaires.

Le 27 octobre, les autorités militaires ont annoncé l’arrestation à Bolama dans l’archipel des Bijagos du principal auteur présumé de l’attaque du 21, le capitaine Pansau N’Tchama. Des informations font état à l’occasion de cette arrestation de l’exécution de 5 personnes, 3 civils et 2 militaires, accuséés d’être des complices de Pansau N’Tchama. Toujours dans le cadre de la traque contre les présumés responsables de l’attaque plusieurs officiers auraient été arrêtés sans que leur lieux de détention ne soient connus.

Également, le 06 novembre 2012, M. Luís Ocante Da Silva, fonctionnaire de l’entreprise Guinée Telecom et ami de l’ancien chef d’État major de l’armée le Général José Zamora Induta, a été enlevé à son domicile par un groupe de militaires. Son corps sans vie, avec des signes de torture, a été retrouvé deux jours plus tard à la morgue du principal établissement hospitalier du pays.

Dans ce contexte, les organisations de la société civile dénoncent des menaces à l’égard de toute personne osant dénoncer les violations des droits de l’Homme commises par les militaires ou critiquer la gouvernance des autorités de transition. Des journalistes, bloggeurs et défenseurs des droits humains sont particulièrement visés, poussant certains à quitter le pays.

Alors que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’apprête à déployer sa mission en Guinée-Bissau (ECOMIB) en vertu de l’accord sur la Réforme du secteur de la sécurité et de la défense et demande à l’Union africaine de reconnaître les autorités de transition, nos organisations appellent l’instance régionale à dénoncer publiquement les violations des droits humains commises par les militaires, à contribuer à la protection des leaders de partis politiques et des représentants de la société civile et à maintenir une forte pression sur les autorités de transition pour le retour le plus rapidement possible et de façon apaisée à l’ordre constitutionnel.

Nos organisations appellent à l’ouverture d’enquêtes impartiales sur l’attaque de la caserne, les allégations d’exécutions sommaires à l’occasion de l’arrestation de Pansau N’Tchama et les violences perpétrées contre les dirigeants des partis politiques afin que les auteurs de violations des droits de l’Homme soient poursuivis et jugés dans le respect du droit international des droits de l’Homme.

Nos organisations appellent les autorités de transition à respecter strictement les dispositions des conventions internationales et régionales de protection des droits humains ratifiées par la Guinée-Bissau, notamment sur la liberté d’expression, d’information et de réunion, et demandent qu’elles prennent toutes les mesures pour garantir la sécurité de la population.

Source Presse: FIDH

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