« Voilà quelques dix-sept mois que la Tunisie, berceau du printemps arabe a connu sa révolution, une bénédiction aux yeux du monde entier. La tournure que prennent les événements s’avère cependant assez inquiétante compte tenu de la vague de violences qui frappe le pays depuis la prolifération croissante des courants islamistes extrémistes dans le pays. »
Montée du Salafisme en Tunisie
Ennahdha, principal parti politique au pouvoir au côtés du Congrès pour la République (CPR) et du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (ETTAKATOL), s’avère d’une impassibilité « altruiste » proclamant que ces partis islamistes, sujets à de sévères critiques, sont inéluctablement un membre indissociable avec lequel il faut compter dans la société tunisienne. Le parti se montre d’une flexibilité déconcertante face aux dépassements commis par ces extrémistes. Les principaux membres du gouvernement, chérissant leur prochain, appellent unanimement au dialogue et au débat avec une catégorie de personnes qui n’hésitent pas à faire usage de la violence en cas de litiges.
L’heure en est même venue aux démonstrations de force, le dimanche du 20 mai au pieds de la mosquée Okba Ibn Nafâa à Kairouan. Un rassemblement a rallié des milliers de salafistes à l’occasion de la deuxième fête annuelle d’Ansar al Chariâa. Démonstrations de sabres, chants guerriers incitant à la violence, militants en tenues afghanes, le spectacle illustrait parfaitement philosophie et croyances des protagonistes. Ces manifestations de violences se traduisent fréquemment par des actes planifiés qui épouvantent la population. Tel fut le cas pour la journée du 26 mai, la ville de Jendouba a été le théâtre d’attaques de commerces et de bars par des salafistes. La veille même, au Kef, un professeur de théâtre, Rejab Magri, a été tabassé presque à mort par un groupuscule islamiste alors qu’il rentrait de son lycée vers 16h00. Il souffrirait principalement d’un traumatisme crânien et de fractures de la clavicule et du nez.
La population Tunisienne sidérée
L’opinion publique est sidérée et le mécontentement de certaines villes comme Téla s’était déjà manifesté. Le bureau politique d’Ennahdha avait été saccagé le mardi 08 mai. Le ton monte et le gouvernement commence à entendre gronder une insatisfaction populaire surtout qu’une mauvaise nouvelle, cette fois-ci économique est venue tirer la sonnette d’alarme. Standard & Poor, l’un des leaders mondiaux en notation financière a relégué la note de la Tunisie en catégorie spéculative, le 24 mai, portant ainsi un coup dur à des investissements dont le pays a besoin pour relancer une économie en veille depuis le 14 janvier 2011. La Tunisie vit aujourd’hui des moments de crise qui requièrent des plans politiques et économiques fermes et clairvoyants. Les prestations du gouvernement sont alors sujettes à forte polémique, aussi bien au niveau politique où la diversité, culturelle, idéologique, et religieuse se retrouve source de conflit, qu’au niveau des finances où le taux d’inflation menace le pourvoir d’achat des ménages dont une grande partie, au chômage , ne touche pas la moindre allocation.