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Retour sur la chute des Frères Musulmans
Le lundi 1er Juillet 2013, dans un communiqué adressé par l’armée à la classe politique égyptienne, et transmis par les médias, le Commandement Général des forces armées égyptiennes déclara qu’il accordait un délai de 48 heures aux dirigeants politiques pour trouver une solution de sortie de crise. A défaut, l’armée égyptienne imposerait à toutes les formations politiques une feuille de route que l’institution militaire se chargerait de faire respecter.L’armée avait pris l’engagement de ne pas intervenir si les dirigeants islamistes se pliaient à la volonté populaire.
L’armée égyptienne, a apporté plus tard un correctif important à sa déclaration, qui a ouvert la porte à des interprétations de plusieurs observateurs dont principalement son intention de prendre le pouvoir en lieu et place des élites politiques. Néanmoins, le principal destinataire de la déclaration demeure le Parti de la Justice et de la Liberté, qui dirige le pays par le biais du Président Morsi. Plus tard, sous les pressions d’une large frange des partisans du Président Morsi, qui avaient exigé de ce dernier d’annoncer sa position quant au « Coup » contre la légitimité des urnes, et suite à plusieurs échanges téléphoniques avec certaines chaînes de télévision, la présidence a communiqué que Le Président n’a pas été consulté par l’armée à propos de la déclaration adressée par cette dernière et qu’il n’avait pas donné son consentement, ajoutant que « la légitimité [des urnes] est la ligne rouge à ne pas franchir ». Cette position fut exprimée par la coalition nationale, qui comprend, outre le Parti de la Liberté et de la Justice, d’autres partis de tendance islamiste, lors d’une conférence de presse tenue à l’aube du mardi 2 Juillet 2013.
La position américaine par rapport au conflit interne égyptien
Dans le cadre des protestations menées par le Front du Salut soutenu par ce que les égyptiens appellent « les vestiges de l’ancien régime », auxquels El Baradei a ouvert les portes de son parti pour leur permettre de revenir dans le paysage politique, l’élite politique égyptienne s’est tournée vers la position des États-Unis comme à l’accoutumée. Il est de notoriété publique que les relations entre l’armée égyptienne et l’armée américaine sont anciennes. Les Etats-Unis offrent des subventions annuelles à l’institution militaire dont 1,3 milliard de dollars répartis entre les subventions et les prêts du fonds du Foreign Military Financing qui représentent la principale source de financement pour l’armement et l’entraînement des troupes soit 80% des dépenses de l’armée égyptienne.
Rappelons que l’Egypte est le quatrième pays en termes de commande de chasseur F-16, en plus de 4 000 blindés de fabrication américaine. Cette relation a été établie au cours des longues décennies du règne du Maréchal Mohamed Anwar Sadat, puis ont été maintenues par l’Officier-pilote Mohamed Hosni Moubarak, qui a été placé en résidence surveillée suite à la révolution égyptienne et poursuivi pour « meurtre et tentative de meurtre sur des manifestants, abus de pouvoir et de biens sociaux et atteinte aux intérêts de l’État. »
Bien sûr, la prise de positon des Etats-Unis est principalement mo#vée par leurs intérêts et la défense d’Israël, leur principale allié dans la Région. Que ce soit en appelant à éviter la violence et le recours à la démocratie ou à travers des contacts directs avec le commandement de l’armée, afin de s’informer ou de donner des conseils (non-embarrassants) dans le but de maintenir lesdits intérêts, les Etats-Unis ont tenu la même position et les mêmes propos qu’ils ont eu durant la Révolution contre leur ancien « allié » Hosni Moubarak, en attendant d’y voir plus clair.
Contrairement aux Frères Musulmans qui n’ont pas affiché leur position vis-à-vis de Washington, à savoir avec ou contre les Etats-Unis, les manifestants ant-Morsi se déclaraient contre les Etats-Unis, Israël et le Qatar, tout en défilant sur la place Tharir sous la supervision des partis du Front du Salut et de la jeunesse révolutionnaire…
La Légitimité de la « Rue » au-delà de la Légitimité Constitutionnelle ?
Dans un discours, la nuit du mardi 2 Juin 2013, le Président démis Mohamed Morsi, et contrairement à ce qui avait été imaginé par les opposants aux dirigeants du Front de Salut quant à la conformité de leur demande d’établir des élections présidentielles anticipées, a surpris l’opposition en déclarant son attachement à la légitimité constitutionnelle et celle des urnes qui l’ont placé à la tête de l’État égyptien depuis un an (Juin 2012-juillet 2013). Morsi n’a pas tenu compte de la pression de la rue ni de celle de l’armée qui s’est rangée « du côté du peuple » encore moins de l’ultimatum que cette dernière lui a adressé dans le but de « répondre aux demandes populaires.
Le discours du Président Morsi, qui est le premier président « civil » de l’Egypte, arrivé au pouvoir à travers des élections libres, était ferme, comme ce fut le cas dans ses messages vidéo diffusés par Al-Jazeera la nuit de son départ. Il demandait à l’armée de ne pas s’ingérer dans les affaires politiques, car son rôle est le maintien de la sécurité de l’Egypte et de ses frontières tout en réitérant son soutien à l’institution militaire dans cette mission.
PS : article : Compagnie Méditerranéenne d’Analyse et d’Intelligence Stratégique.