"News, informations Africaines, revues de presse et actualités internationales."


Dernières News
Actualités Afrique » Afrique du Nord » Égypte » Egypte – La confrérie à la croisée des chemins : Note stratégique (CMAIS) Partie 1

Egypte – La confrérie à la croisée des chemins : Note stratégique (CMAIS) Partie 1

Temps estimé pour la lecture de cet article : 28 min

Afrique News

« Actualités Afrique, 10/09/2013, Egypte : A l’aube du mercredi 14 août 2013, les partisans de la confrérie des Frères musulmans présents aux sit-in de Rabia al Adawiya et Nahda ont été attaqués par les forces de police égyptiennes, soutenues par l’armée ainsi que des hommes armés sans uniforme. »

Carnage sans précédent

Plus de 700 morts et près de 4 000 blessés dont des femmes et des enfants provoquant ainsi l’indignation de l’ensemble de la communauté internationale. Le Ministre de l’Intérieur avait exprimé, à plusieurs reprises, qu’il allait disperser les sit-in, a ceux qui useraient de la force. Nonobstant, les évènements ont surpris plusieurs membres du gouvernement intérimaire, y compris le vice-président El Baradei.

Cette intervention sanglante a été précédée par la nomina#on de 17 officiers militaires au poste de gouverneur de province, laissant penser que l’institution militaire est en phase de s’implanter dans les intitutions de l’Etat. La surprise du carnage a débouché sur d’autres surprises contradictoires comme la démission d’El Baradei (de tendance libérale) et sa déclaration que cette fausse manœuvre avait coupé la route à d’autres solutions politiques qui étaient encore possibles.

Les condamnations de la communauté internationale ne se sont pas faites attendre de la part de la France, du Royaume Uni, de l’Australie, des Etats-Unis d’Amérique ainsi que du Secrétaire Général de l’ONU mais également de pays musulmans proche des Frères Musulmans égyptiens comme la Tunisie, le Qatar ou la Turquie. Une réunion du Conseil de Sécurité des Nations-Unies durant la nuit du jeudi au vendredi 15 Août 2013 a adopté une déclaration appelant les égyptiens à la maîtrise de soi, sans pour autant condamné le bain de sang perpétré par les forces égyptiennes.

Le Conseil de Sécurité, réuni à la demande de la France et du Royaume Uni, avait pour objectif d’envoyer un message clair aux autorités égyptiennes : elles sont désormais sous la surveillance de la communauté internationale. Cette dernière a très mal accueilli la décision du président intérimaire Adly Mansour de déclarer l’Etat d’exception pour la durée d’un mois. Le président américain a demandé l’abrogation de cette décision après avoir annulé des manœuvres militaires conjointes qui ont lieu toutes les deux années. Cette analyse vise à comprendre ce qui a mené l’Egypte à la situa#on actuelle en revenant sur les évènements qui ont fait tomber les Frères Musulmans.

Le début des révoltes en Egypte

Le 22 novembre 2012 marque le début du nouveau soulèvement populaire contre Morsi pour abus de pouvoir. La promulgation par Morsi d’un décret lui donnant le droit de légiférer et d’annuler les décisions de la justice a été l’élément déclencheur des révoltes. Le 7 décembre 2012, afin de calmer la colère populaire, ce décret est annulé. Ceci a facilité le déroulement du référendum sur la nouvelle cons#tu#on qui s’est tenu entre le 15 et le 22 décembre 2012. Le 25 décembre 2012, des résultats annoncent l’adoption de la Constitution à 63,8% des voix. C’est le 30 juin 2013, que la Place Tahrir accueille à nouveau des centaines de milliers d’Egyptiens demandant le départ de Morsi. Plusieurs manifestants dénoncent une tentative d’islamisation de l’Etat et ont dénoncé la domina#on des Frères Musulmans au Parlement, notamment au sein de la chambre supérieure.

Le lundi 1er juillet 2013, l’armée se range du côté des opposants à Morsi lançant un ultimatum à ce dernier. En effet, le General Al-Sissi, chef du Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA), l’une des plus puissantes institutions d’Égypte, a accordé 48h aux formations politiques nationales pour trouver un accord avec les manifestants pour y mettre un terme. Morsi refuse de négocier considérant être le seul Président légitime d’Egypte; une légitimité qu’il a des urnes. Ses supporters ont organisé des manifestations de soutien au Président dans plusieurs villes.

Pour l’armée, si les opposants et le Président ne trouvent pas d’accord, elle prévoit d’intervenir afin de suspendre la constitution et de dissoudre le parlement. Elle envisage de mettre en place un conseil présidentiel dirigé par le Président du Conseil constitutionnel, le juge Adly Mansour, et organiser des élections anticipées. Sa position est claire : une intervention de l’armée est nécessaire afin d’éviter le débordement et le chaos. Cette situation de tensions a conduit plusieurs ministres du gouvernement de Morsi à la démission dont celui des Affaires Etrangères, de l’Environnement, des Communications, des affaires juridiques et parlementaires, et du Tourisme. Le conseiller militaire de Morsi, Sami Anan, démissionne, alors que la police refuse de servir le pouvoir.

Les forces en présence

Les principaux acteurs de ces événements sont de toute évidence :

Le Conseil Suprême des Forces Armées. Le CSFA est l’une de plus puissantes institutions d’Egypte. Il est composé de plusieurs hauts gradés de l’armée et est présidé par le Président de la République. Le conseil s’est réuni quatre fois, depuis sa création : la Guerre des Six Jours, la Guerre du Kippour, la Révolution du 25 Janvier 2011 et lors des dernières manifestations appelant à chasser Morsi. Il se présente comme protecteur de la nation et des droits du peuple égyptiens. Dans l’article 194 de la Constitution de 2012, il est clairement énoncé que l’armée appartient au peuple et veille à sa protection contre toute menace. Selon le huitième principe de la Constitution, l’Armée est une entité « neutre ne prenant jamais partie dans les affaires politiques et sert de bouclier au pays ». Ceci laisse une grande marge de manœuvre au CSFA dans ses actions. Néanmoins, l’article 236 de la Constitution de 2012 a fait abroger toutes les décisions du CSFA.

Morsi et les Frères Musulmans

Malgré la démission de ses ministres, Morsi refuse d’abandonner le pouvoir et annonce dans un discours, le 2 Juillet 2013, qu’il tient sa « légitmité des élections  présiden#elles exemplaires et de Dieu. » Son objectiff est de finir son mandat de 4 ans. Il avance que l’opposition ne souhaite pas dialoguer tout en accusant les médias de chercher à lui nuire. De son côté, le Parti Liberté et Justice, parti politique de la confrérie, parle d’une tentative de « coup d’État contre la légitmité » orchestrée par l’armée. Les Frères Musulmans invitent les partisans de Morsi à sortir dans la rue pour le soutenir conduisant les pro-Morsi à former des  milices pour bloquer les opposants au Président.

Les opposants à Morsi

En Novembre 2012, les partis d’opposi#on au Président Morsi et aux Frères Musulmans se sont  regroupés pour créer le « Front de salut national » qui rassemble libéraux, laïcs et militants de gauche. Ce front regroupe le par# Al Doustour d’El Baradeï (de tendance libérale), le parti du congrès d’Amr Moussa, le Courant Populaire dirigé par Hamdin Sabahi, ainsi que le parti Al Wafd d’Al Sayyed Al Badawi. Leurs revendications sont : une réforme de la constitution, plus de sécurité, la création d’un gouvernement d’unité nationale, plus de libertés pour chaque citoyen et plus d’égalité,… Ils dénoncent une dérive autoritaire du Président Morsi et une dégradation de leur niveau de vie.

Le mouvement Tamarod

L’opposition, rassemblée derrière Mohamed El Baradei, ancien directeur de l’Agence Internationale de l’Energie, et prix Nobel de la paix, s’est regroupée au sein du mouvement Tamarod, qui signifie « rébellion » en arabe. Ce mouvement a été créé par de jeunes égyptiens le 1er Mai 2013. Il appelle au départ du Président Morsi et à des élections présidentielles anticipées à travers le lancement d’une pétition en ligne. Il est composé des partis d’opposition dont le Front du salut national et des mouvements tels que « Kefaya », un mouvement d’opposition à Moubarak créé en 2004 et très actif lors des premiers soulèvements contre le Raïs en 2011, ou encore le mouvement « 6 Avril » composé de jeunes et créé en 2008.

Tamarod s’articule autour de trois problématiques principales :

  • La crise économique qui touche le pays : pas de réserves en devises, alors que le déficit budgétaire se creuse et que la monnaie égyptienne se dévalue
  • La montée de l’insécurité depuis l’élection de Morsi : les meurtres ont augmentés de 130%, les vols de 350%, et les kidnappings de 145%
  • Les tensions religieuses entre sunnites et chiites.

Le mouvement est présent sur le terrain mais surtout sur la toile. Le web reste pour les manifestants le meilleur moyen de mobiliser et de faire passer leurs messages. D’après ces membres, le mouvement dispose de plus de 22 millions de signatures pour sa pétition.
PS : article : Compagnie Méditerranéenne d’Analyse et d’Intelligence Stratégique.

Information sur les articles

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Grigrinews.com . Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de Grigrinews.com.


News QR-Code

qr-code

Rédacteur Pascal Gibert

Rédacteur en chef du magazine en ligne Panafricain GriGriNews.com : rédacteur journaliste depuis plusieurs années, à commencé dans les domaines de la communication, puis par la suite dans les relations presse, rédacteur indépendant et partisan! Hyperactif dans les domaines du web, de l'information, veille internet concernant tous les pays d'Afrique. Ardent défenseur de la souveraineté des pays d'Afrique, passionné de géopolitique Africaine, dévore les news d'Afrique pour informer le grand public de la désinformation généralisée dans les médias au sujet de l'Afrique... Vive l'Afrique!!!
Revenir en haut de la page