« 12/03/2015, Libreville, Gabon : Principale ville du pays, la capitale Gabonaise porte un nom très évocateur pour les défenseurs de l’épanouissement du corps et de l’esprit. En la baptisant « Libreville », le fondateur de cette ville a voulu véhiculer un message intemporel sur la liberté chèrement gagné après 400 ans d’esclavage. »
Aujourd’hui en 2015 pourrait-on dire que notre capitale porte dignement son nom ? Les Librevillois se sont ils appropriés de cette liberté ? En ont-ils conscience ? Se sentent-ils libre ? Autant de questions qui me laissent perplexe au vu des observations faites. Le 17 Octobre 1849 alors que la traite négrière est abolie, un navire négrier Brésilien nommé « L’Elizia » transportant 52 esclaves est arraisonné par la Frégate Française « Pénélope ». Tous les esclaves que ce négrier transportait furent libérés et regroupés dans l’actuel quartier Montagne-Sainte, ce fut la création de Libreville. Ce nom fut donné par le capitaine Louis Edouard BOUET-WILLAUMEZ en souvenir de ces esclaves qui recouvraient enfin leur Liberté.
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Esprit de Liberté où es-tu ?
Après 166 ans d’existence Libreville n’est plus ce qu’elle fut tant dans la forme que dans le fond. Dans la forme, les changements imposés par le développement urbain ont transformé ce qui fut une petite bourgade en une grande ville Africaine cosmopolite et multilinguistique avec ses immeubles et échangeurs, ponts et autres édifices publics et privés. Dans le fond, l’esprit de liberté qui sous-tend la nature même de la ville, sa personnalité, son identité, sa singularité, son humanisme est à mon humble avis absent sinon pas très visible. J’entends par esprit de liberté toutes les expressions de celle-ci dans l’urbanisation de la ville, dans la culture, dans l’épanouissement des Librevillois, dans le cadre de vie et bien sur dans la psychologie Librevilloise.
Une ville sans musée
Comment peut-on croire qu’une ville comme Libreville qui devrait insuffler l’esprit de liberté et conserver son histoire n’ait pas de véritable musée si ce n’est cette salle d’exposition qui en fait office, pas de théâtre national ni de conservatoire de musique encore moins un centre culturel gabonais. Comment éduquer les librevillois et librevilloises si la soi-disant bibliothèque nationale n’est que l’ombre d’elle-même ? Comment stimuler le géni des Librevillois si les artistes n’ont pas de tribunes, les peintres et sculpteurs de pierre de Mbigou ou de bois n’ont pas de musée d’art contemporain ? Un vrai gâchis pour une ville qui a tant à offrir au Gabon et à l’Afrique.
Le manque d’infrastructures
Je suis à n’en point douer révolté de voir la déliquescence du cadre de vie des librevillois alors que tout y est pour qu’il soit meilleur. Dans les quartiers les jeunes n’ont pas de terrains de sport, je ne parle même pas de « maison de jeunes » où ceux-ci pourraient faire de la musique, des arts martiaux ou tout autre activité qui élève l’esprit. Faire du sport à Libreville n’est vraiment pas évident car les infrastructures ne le permettent pas. Parfois les après-midis je me demande où je pourrais aller me balader avec ma fille et ma fiancée, grande est ma désolation de constater qu’il n’existe pas de parc à Libreville. Quel dommage ! Vous vous rendez compte qu’un haut lieu historique comme l’ile de la pointe Dénis coute la peau des fesses pour s’y rendre en chaloupe alors qu’elle n’est qu’à quelques minutes de Libreville. Il n’y a qu’une certaine classe qui arrive à se payer cette traversée, je trouve ça discriminatoire.
Le devoir de mémoire
Libreville est comme une belle femme que l’on cache à ses amoureux alors qu’elle aimerait bien partager toute sa splendeur et sa merveilleuse histoire. Les librevillois ne connaissent pas dans leur majorité, l’histoire de leur ville, beaucoup ne savent pas comment elle fut fondée et par qui. Certains ne connaissent même pas les différents rois qui la gouvernèrent à l’époque ni où étaient installés leurs royaumes encore moins comment toutes les ethnies ont fait pour y vivre ensemble. C’est à mon sens une hérésie que de gouverner le peuple sans lui donner la possibilité de connaître l’histoire de la terre qui le porte.
L’histoire nous permet de comprendre le passé pour nous unir afin de nous approprier le présent pour construire un avenir meilleur. Le comble c’est qu’en Afrique et particulièrement au Gabon, l’histoire n’est pas très souvent mis en avant c’est l’une des raisons pour lesquelles nos peuples se dénaturent pour adopter des cultures venant d’ailleurs et que nous jugeons à tord meilleures. Je vais à ce sujet citer Stéphane HESSEL qui disait : « Hélas, l’histoire donne peu d’exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire » Que dira t-on alors des peuples qui ne connaissent pas la leur pour en tirer les leçons?
Revoir la politique de la ville
Je pense qu’en ce monde qui devient de plus en plus mondialisé, il est plus qu’important sinon impérieux que les gouvernants, la municipalité de Libreville, revoient leurs politiques de la ville afin que ceux-ci participent à la conservation de notre patrimoine commun, à l’expression de la liberté sous toutes ses formes pour que Libreville en soit un véritable havre. J’ai particulièrement apprécié la célèbre « fête des cultures de Libreville » créée par l’ancien maire Paul MBA ABESSOLO.
C’était un évènement génial qui rassemblait tous les librevillois, gabonais et africains autour de la culture. Ou encore l’implantation des œuvres artistiques dans les grands carrefours de la capitale, ce qui participe à son embellissement et à la promotion du talent Librevillois. Libreville mérite mieux que ce qui est, elle a besoin de recouvrir une nouvelle liberté, un nouveau souffle qui fera vibrer ses habitants au plus profond de leurs êtres pour la gloire et la prospérité de notre chère capitale. je t’adore Libreville !!!!