« L’instruction dans le dossier de l’ancien président tchadien Hissène Habré doit être close, en janvier 2015, apprend-on mardi. L’affaire est menée par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) créées au sein de la justice sénégalaise par un accord entre Dakar et l’Union africaine (UA). »
« Après un an et demi d’enquête et quatre commissions rogatoires au Tchad, le tribunal de Dakar s’apprête à refermer le premier chapitre de son histoire judiciaire », écrit le Forum interactif sur les Chambres africaines extraordinaires. En exil au Sénégal depuis décembre 1990, Hissène Habré a été arrêté à son domicile dakarois le 30 juin 2013 et inculpé, deux jours plus tard, pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture commis au Tchad durant son régime.
Depuis le démarrage de leurs activités en février 2013, les CAE ont déjà effectué quatre commissions rogatoires au Tchad, mais en l’absence des avocats d’Hissène Habré qui boycottent les CAE dont ils contestent la légalité. En plus de l’ancien président, cinq autres personnes étaient visées par l’enquête. Deux d’entre elles, Saleh Younouss et Mahamat Djibrine, sont actuellement jugées devant un tribunal tchadien à N’Djamena, tandis que trois sont en fuite.
Alors que le gouvernement tchadien avait jusque -là coopéré avec les Chambres, « des tensions sont apparues durant l’année 2014 entre les CAE et l’État tchadien » après le rejet, en août, de la demande de N’Djamena de se constituer partie civile dans cette affaire, relève le Forum interactif. En guise de rétorsion, le gouvernement tchadien a refusé, fin octobre, de recevoir une cinquième commission rogatoire et opposé une fin de non – recevoir à la demande de transfèrement à Dakar de Younouss et Djibrine.
Et le 14 novembre, le procès de 21 anciens « complices de Hissène Habré » s’est ouvert à N’Djamena. Un simulacre de procès, selon les victimes qui y voient une façon pour N’Djamena de cacher la responsabilité pénale que porterait l’actuel président Idriss Déby.
De l’avis de Younous Mahadjir, une victime de tortures dans les geôles du régime Habré, ces complices présumés de l’ancien président feraient certainement des révélations impliquant Déby s’ils étaient jugés à Dakar. Ce leader syndical demande ainsi que l’actuel chef de l’Etat tchadien puisse être entendu au procès de son prédécesseur.